Petit
script à propos de l’ennui (ou d’autre chose !), d’idée
de vie désirée et pas vraiment vécue, d'une mémoire de ce que n'y
est pas, etc :
Ceci est encore juste un
script d'un spectacle qu'on ne peut toujours pas savoir.
Il y a un homme et une
femme. Pas de texte. Encore. Des textes, c’est ce qu’il ne manque
pas. Mais cet homme et cette femme sont uniques. Et ils sont plus
subjectifs en eux-mêmes et, donc, ils ont une idée de ce qu'ils
sont. Mais pas toujours !
Et quelle idée peut une
personne avoir d'elle-même?
Si quelque chose existe,
c'est parce qu'elle diffère du fait de ne pas exister, c'est-à-dire
que cette chose-là constitue un obstacle, prend de la place,
perturbe les relations, offre une résistance ou, tout simplement,
crée une référence par rapport à tout ce qui n’y est pas, ou
qui est « autre ». Est-ce que une chose quelconque peut exister et
ne pas avoir un nom ? Objectivement, non. Mais que savons-nous ?
Pourquoi ne pas traiter ce qui n'a pas de nom ? (Beckett a écrit à
propos de ça). Prenons donc cette idée d’une objectivité qui
dépasse nos subjectivités individuelles et qui n’a pas de nom.
Alors c'est peut-être
ça : un homme et une femme et l'innommable; un vide de noms pour des
choses trop objectives pour en parler, pour nommer : un espace – un
intervalle, une histoire, un lieu ? – plein et sans nom; un enfer ?;
la rédemption ?; un désir ?; Et si c’est un désir, est un désir
de quoi ? Comment ignorer cet indicible ?
Un homme et une femme et
l'innommable que les tient unis, la seule objectivité ! Pas de passé,
pas de désir, pas de causalité, pas de psychologie, ils sont unis
pour toujours, dès toujours. Et donc, ils combattent. Ils luttent
pour surmonter la condition irréductible d'une Nature écrasante. Et
pour ça, ils s’arment de paroles et d’actions et font tout pour
être libres, pour échapper à ce qui, entre les deux et au-delà
d’eux, n'a pas de nom. Voilà une belle tension. Ils jouent leurs
astuces et malices; ils s’esquivent, ils s’aiment, ou alors ils
ressentent plutôt la surprise de se découvrir.
Et il y a d'autres choses
qu'ils ne parviennent pas, qui leurs glissent parmi les doigts. Dans
l’anonymat ils sont. Dans sa lutte, son amour, sa perdition
d’eux-mêmes, dans leurs subjectivités, dans leurs fuites, ils
sont encore plus.
Nuno.
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