mercredi 5 novembre 2014

Petit script à propos de l’ennui (ou d’autre chose !), d’idée de vie désirée et pas vraiment vécue, d'une mémoire de ce que n'y est pas, etc :



Ceci est encore juste un script d'un spectacle qu'on ne peut toujours pas savoir.

Il y a un homme et une femme. Pas de texte. Encore. Des textes, c’est ce qu’il ne manque pas. Mais cet homme et cette femme sont uniques. Et ils sont plus subjectifs en eux-mêmes et, donc, ils ont une idée de ce qu'ils sont. Mais pas toujours !

Et quelle idée peut une personne avoir d'elle-même?

Si quelque chose existe, c'est parce qu'elle diffère du fait de ne pas exister, c'est-à-dire que cette chose-là constitue un obstacle, prend de la place, perturbe les relations, offre une résistance ou, tout simplement, crée une référence par rapport à tout ce qui n’y est pas, ou qui est « autre ». Est-ce que une chose quelconque peut exister et ne pas avoir un nom ? Objectivement, non. Mais que savons-nous ? Pourquoi ne pas traiter ce qui n'a pas de nom ? (Beckett a écrit à propos de ça). Prenons donc cette idée d’une objectivité qui dépasse nos subjectivités individuelles et qui n’a pas de nom.

Alors c'est peut-être ça : un homme et une femme et l'innommable; un vide de noms pour des choses trop objectives pour en parler, pour nommer : un espace – un intervalle, une histoire, un lieu ? – plein et sans nom; un enfer ?; la rédemption ?; un désir ?; Et si c’est un désir, est un désir de quoi ? Comment ignorer cet indicible ?

Un homme et une femme et l'innommable que les tient unis, la seule objectivité ! Pas de passé, pas de désir, pas de causalité, pas de psychologie, ils sont unis pour toujours, dès toujours. Et donc, ils combattent. Ils luttent pour surmonter la condition irréductible d'une Nature écrasante. Et pour ça, ils s’arment de paroles et d’actions et font tout pour être libres, pour échapper à ce qui, entre les deux et au-delà d’eux, n'a pas de nom. Voilà une belle tension. Ils jouent leurs astuces et malices; ils s’esquivent, ils s’aiment, ou alors ils ressentent plutôt la surprise de se découvrir.

Et il y a d'autres choses qu'ils ne parviennent pas, qui leurs glissent parmi les doigts. Dans l’anonymat ils sont. Dans sa lutte, son amour, sa perdition d’eux-mêmes, dans leurs subjectivités, dans leurs fuites, ils sont encore plus.
Nuno.

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